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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 12:13

Pour accélérer les décisions relatives aux mesures contre le téléchargement illégal, la Fédération Nationale des Cinémas Français a accepté de réduire sa priorité sur les autres supports. L'exclusivité des salles de cinéma passera de six à quatre mois, agravant ainsi, la situation des petits exploitants. Ceux-ci souffrent déjà considérablement de la crise actuelle. Si les médias annoncent que les entrées sont en augmentation cette année, ce sont les multiplexes qui en profitent, alors que les petits cinémas souffrent d'une baisse allant parfois jusqu'à moins 30 %.

La FNCF réclame une baisse du pourcentage de location des films, déclenchant ainsi des réactions de la part des professionnels et éludant de la sorte la véritable problématique à laquelle sont confrontés les petits exploitants. C'est pourquoi, j'ai envoyé le texte ci-dessous aux médias et aux différentes instances décisionnaires.


           
La FNCF a accepté de reconsidérer la chronologie des médias sans être assurée d’obtenir une contrepartie équitable. Elle a signé un chèque en blanc. Pour tenter de se rattraper, ses dirigeants ont trouvé l’idée de réclamer une diminution du pourcentage de location. Si nous pouvons comprendre la demande d’une réduction sur la part des producteurs qui s’y retrouvent grâce à la multiplication des supports et des possibilités de diffusion de leurs films, il me parait absurde de pénaliser les distributeurs qui sont confrontés à la même problématique que les exploitants. Cette baisse du pourcentage ne peut se faire malgré eux et je ne conçois pas l’éventualité de leur imposer. Persister dans cette revendication ne peut que nuire aux cinémas qui ont réellement besoin d’être soutenus.

 

            Je m’insurge contre les propos sans discernement des producteurs à qui je pourrais retourner le terme de « fallacieux » quand ils comparent les exploitants aux commerçants. Quel est le commerçant qui a des investissements comparables à un cinéma ? Ils prétendent également que nous faisons payer à des niveaux de plus en plus élevés, les bandes annonces et plus généralement les instruments de promotion[1]. C’est le cas de quelques privilégiés peut-être. Je tiens à leur signaler que nous, petits exploitants, sommes obligés de réclamer plusieurs fois les bandes annonces pour les projeter gratuitement ; que nous recevons très rarement du matériel promotionnel qui est envoyé à profusion dans les multiplexes, souvent sans même être déballé. Les producteurs veulent bien soutenir des mesures qui ne les appauvrissent pas, pour la petite exploitation. Quelle générosité ! Il suffirait pourtant d’un simple petit geste : Que le pourcentage soit réduit pour les cinémas à qui l’on donne le film après la quatrième semaine comme ils le font déjà pour les gros exploitants qui ont les copies en continuation après les avoir eues en sortie nationale.

 

            Par contre, j’approuve la position des réalisateurs qui, dans le Film Français du 20 novembre, font la distinction entre la grande exploitation qui s’en sort bien et la petite qui est dans une situation dramatique.

 

            Il est vrai que la petite exploitation est hétéroclite. Je distingue quatre catégories : Les salles municipales, les associations bénéficiant de subventions qui dépassent allègrement les 100 000 € et qui acceptent sans rechigner de payer des minimums garantis abusifs, les petites associations très peu subventionnées (14 000 € pour Bailleul) qui procurent du cinéma là ou aucun professionnel ne veut s’implanter, et les indépendants qui doivent supporter des charges d’investissements très lourdes. Les deux premières catégories ont des budgets confortables mais elles peuvent disparaître sur une simple décision des élus comme ce fut le cas à Hénin Beaumont il y a quelques mois. Les deux autres sont actuellement dans une situation critique et il y a urgence de développer des actions pour leur permettre de continuer à assurer un cinéma de proximité. Ces cinémas ont de véritables difficultés pour accéder aux films et cela leur cause de gros préjudices. L’exemple du « Petit Nicolas » est sur ce point très révélateur. Nous n’avons pas pu avoir la copie avant la 6ème semaine. Il restait un jour de vacances, le mercredi. L’exploitant qui avait le film avant nous, n’a pas voulu faire l’effort de démonter sa copie après la dernière projection du mardi. Au lieu de l’envoyer dans la nuit au dépôt par le transporteur, elle a été expédiée le lendemain. Nous ne l’avons reçue que le jeudi à midi, nous obligeant à annuler deux séances le mercredi après-midi pour lesquels nous avions déjà quatre-vingt pré ventes et une séance scolaire le jeudi matin. Après avoir comparé nos résultats avec d’autres cinémas, nous estimons avoir perdu plus de 50 % du potentiel du film, sans compter les clients irrités par les séances annulées. Malgré cela, le distributeur a refusé de nous accorder la moindre remise.

 

            Pour soutenir les petits exploitants en difficulté, c’est simple. Je propose de :

  1. réglementer la pratique des minimums garantis en les interdisant ou les plafonnant. (La FNCF ne s’est jamais vraiment préoccupée de ce problème).
  2. faciliter l’accès aux films. (Ce qui était autrefois la mission de l’ADRC).
  3. réduire les pourcentages pour les locations faites à partir de la quatrième semaine. Il n’y a rien de ruineux pour les producteurs et les distributeurs dans cette proposition, dans la mesure où cela se fait déjà pour les gros exploitants et que les salles concernées ne font pas payer le passage des bandes annonces.

 

Et que l’on cesse les amalgames entre la grande et la petite exploitation.



[1] Le Film Français du 13 novembre 2009, p.8.

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commentaires

O
<br /> Je n'aurai qu'un mot: BRAVO<br /> <br /> <br />
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