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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 14:18

            Les multiplexes ont trouvé une nouvelle "innovation". En 2013, les places de cinéma seront numérotées et il sera possible de réserver à l'avance. Kinepolis a lancé le coup d'envoi dans ses salles de Belgique et d'Espagne et a déjà appliqué ce système en France à Nancy et Nîmes. Pour les autres cinémas c'est prévu en ce début d'année. Nul doute que les autres s'y mettront aussi, comme Gaumont Pathé qui applique déjà la numérotation à Chambéry ou Evreux. Quant à UGC, le même service est proposé à Saint-Herblain et Paris (Maillot).[1]

LC118-Roubaix-001.jpg

 

Y-a-t-il pour autant innovation ?

 

En fait, cette pratique est presque aussi vieille que le cinéma et avait cours déjà au début du XIXème siècle, comme le montre cette publicité du Colisée de Roubaix où les locations se faisaient tous les jours de la semaine sauf le mardi.

 

            Le cinéma du Breucq à Flers, village de la future Villeneuve d’Ascq, s’équipa et devint le Palace. Les meilleures places, constituées de fauteuils tapissés de velours, étaient groupées en deux rangées un peu avant le milieu de la salle, à la meilleure distance de l’écran. Elles étaient vendues avec réservations.

Lille-cameo-plan-2.jpg

 

Les Onnaingeois réservaient à l’année au Ciné Marcel. On y faisait la queue plusieurs jours à l’avance.

 

            A Wormhout il y avait trois séances par semaine, les classiques matinées et soirées du dimanche et le lundi soir. Une permanence était assurée le dimanche midi pour les réservations. La salle paroissiale de Merville adoptait le même système en fin de matinée après la messe de 10h.

 

Le plan du Caméo à Lille

         

   A Vitry-en-Artois, dès le samedi, René s’installait à une table du café et vendait les billets pour le soir et le lendemain

 Lille-Rexy-plan-copie-1.jpg

Les spectateurs avaient leurs habitudes. Ils avaient leurs fauteuils réservés à une séance précise, et refusaient d’entrer si par malheur ceux-ci étaient occupés par un autre. Par exemple il y avait les habitués du samedi soir. Si le samedi tombait un jour férié, ceux du dimanche disaient que c’était comme un dimanche et réclamaient leur réservation coutumière. Les autres répondaient, c’est samedi, j’ai droit à ma place habituelle. Il fallait toute la diplomatie de l’exploitant pour éviter les querelles.

 Le plan du Rexy à Lille

            A l’Apollo de Lens les tickets étaient aussi réservés à l’avance. Il y avait un plan de salle avec 2432 fauteuils numérotés. La caisse était ouverte en dehors des séances et Monsieur et Madame Masclef prenaient les réservations par téléphone directement de chez eux. Régulièrement ils transmettaient les places réservées à la caissière et préparaient des enveloppes avec les billets numérotés. Pendant les séances une caissière vendait les billets et l’autre distribuait les enveloppes avec les tickets réservés.

 

            A Merville, avant la création du cinéma paroissiale, des projections étaient organisées à la Maison des œuvres. Les locations étaient ouvertes chez Monsieur Ceugnart l’imprimeur ou chez Madame Quarrez, la concierge de la Maison des Œuvres.   Au ciné Modern, certains clients avaient leurs habitudes. Ils s’asseyaient toujours au même emplacement. Ils consommaient toujours les mêmes boissons au bar où on les servait, sans même leur demander ce qu’ils voulaient.  Madame LELEU connaissait par cœur les places favorites de ses clients.

 

            Et voilà donc Kinepolis, Gaumont Pathé, UGC qui font un retour aux sources. Oui, mais sauront-ils recréer l'extraordinaire convivialité de nos cinémas de proximité ?



[1] Source  "Côté Ciné" décembre 2012.

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